Invitée pour une résidence de 3 mois, Mia Brenguier est une jeune artiste singulière. Son travail est passionnant tant les chemins qu’elle empruntent sont ponctués de surprises et ses histoires à la fois personnelles et universelles.
Peinture
Collage
Écriture
Installation
Mïa Brenguier
Franco/ Suisse allemande, 1998, Paris, France.
Études de lettres
Beaux-Arts de Paris
Atelier Nina Childress/ Hicham Berrada / Werner Bouwens / Abraham Cruzvillegas
Mon travail s’articule autour de nos relations au domestique, aux espaces intérieurs, aux objets
du quotidien, miroir, brosse à dent; et à tout ce que nous y vivons tous les jours. La pensée, souvent rebelle et autocollante, nous amène de ces espaces, vers l’ailleurs, au travers d’impressions fugaces et parasites, du souvenir ou de cette image qui manque à la mémoire. Ce qui m’intéresse ce sont les adages, les collages que nous faisons en permanence sans nous en rendre compte et qui nous télé-portent, là. Une feuille tombe de l’arbre, je pense à la chute et à papa quand il s’est cassé la jambe en 2014. Tout ça, depuis mon salon, en regardant par la fenêtre.
Le texte les mots et leurs sonorités, la peinture, la rature, l’écriture et les associations étranges d’objets réels, les média que j’utilise, viennent se télescoper au sein d’installations ou de scénographies. Les performances et le son viennent activer ces espaces par la présence humaine, comme tombée des peintures. Tantôt ce sont des objets sculptés, fait d’assemblages de matières diverses, tantôt ce sont des objets du quotidien collés étrangement. Je cherche à questionner ce qui fait image.
Je suis fascinée par la beauté tragique des patines, des objets qui s’abîment et contiennent en eux les traces de leurs utilisations. C’est donc comme cela aussi que j’envisage mes peintures, des sortes de disparitions, penses-bêtes, les patines d’une pensées en train de se faire.
Je pense mes peintures en espace, fonctionnant entre elles ou avec les objets, à la manière des mots dans une phrase. Un mot seul ne dit rien d’autre que toutes ses significations possibles, c’est la phrase qui lui donne un lieu, c’est la phrase qui raconte. Je pense que les images bougent, elles sont des objets autour desquels on doit pouvoir se mouvoir.
Quant aux objets, au volume ou au son, je les pense comme tout ce qu’il manque à l’image, tout ce qui vient d’en tomber, tout ce qui est entre nous et cette impression que l’on cherche à reconstituer, comme l’on cherche à reconstituer un souvenir qui s’échappe.
Mes installations me permettent d’évoquer ces espaces manquants, à réunir tout ce qui n’a été que morcellement, éclatement chaotique. Sans gommer les traces, les ratures et les schématisations. Comme une sorte de carte au trésor, ou un plan séquence dans lequel nous devons aussi prendre part.